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Concert symphonique

Concert de Noël

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Gregory Massat

Vendredi 10 décembre à 20h

Palais de la Musique et des Congrès – Salle Érasme

 

Réservations

Felix Mendelssohn

Symphonie pour cordes n°12 en sol mineur

Walter Braunfels

Das Kirchenjahr - Advent

Johannes Brahms

Variations sur un thème de Haydn

Felix Mendelssohn

Christus

Aziz SHOKHAKIMOV direction

Anne-Marine SUIRE soprano

Reinoud VAN MECHELEN ténor

Jean-Christophe LANIECE Aaron PENDLETON basses

Chœur philharmonique de Strasbourg - Catherine BOLZINGER cheffe de chœur

Durée du concert : environ 2h10

Concert en présence d’un Chœur amateur.

Découvrez cet enregistrement du Finale des Variations sur un thème de Haydn

de Johannes Brahms

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Les oeuvres 

Prémices et achèvement. Quatorze ans. C’est l’âge de Felix Mendelssohn lorsqu’il met un point final à la douzième et dernière de ses symphonies pour cordes. « L’exercice » demandé par son professeur révèle le génie qui sidère Johann Wolfgang von Goethe lui-même. L’année de sa disparition, Felix Mendelssohn laisse inachevée la partition de Christus. La pureté et la sobriété de l’écriture sonnent comme un adieu. C’est, en revanche, bien tardivement que Johannes Brahms se lance dans la composition d’œuvres orchestrales d’envergure. Ses Variations sur un thème de Haydn appartiennent entièrement au romantisme finissant. Compositeur méconnu, Walter Braunfels réalise, au XXe siècle, une autre forme d’achèvement : il rend hommage à la cantate classique, à l’écriture postromantique et aux harmonies de son temps.

Felix Mendelssohn

Symphonie pour cordes n°12 en sol mineur

Entre 1821 et 1823, Felix Mendelssohn compose treize symphonies pour cordes. Il prend pour modèles les symphonies de Carl Philipp Emanuel Bach et Carl Heinrich Graun. Professeur de Felix Mendelssohn, Carl Friedrich Zelter exige de son élève qu’il maîtrise parfaitement l’écriture musicale. Ami et conseiller musical de Johann Wolfgang von Goethe, ancien directeur de la Singakademie de Berlin, Zelter lui transmet non seulement une technique extraordinaire, mais aussi sa prodigieuse culture. Grâce à ce maître autoritaire, mais avisé sur le plan pédagogique, Felix Mendelssohn découvre l’œuvre de Bach et, en 1821, fait la rencontre de Goethe. Celui-ci est subjugué, comme en témoigne la lettre qu’il adresse à Zelter : « Les dons de fantaisie de ce petit garçon et ses facilités pour la lecture à vue tiennent du prodige et je n’aurais pas cru cela possible chez un enfant aussi jeune. Felix a un langage d’adulte et non les balbutiements d’un enfant ».

                    Walter Braunfels                         

Das Kirchenjahr – Advent op.45

La redécouverte du compositeur allemand eut lieu au début des années 90. Une collection de disques Decca parut sous l’étiquette « Entartete Musik ». Ces enregistrements de musiques « dégénérées » pour reprendre l’expression de la propagande nazie, rendirent hommage à nombre de compositeurs d’avant-guerre, pour la plupart d’origine juive et qui avaient été mis au ban de la société ou assassinés. C’est ainsi que fut gravé l’opéra Die Vögel (Les Oiseaux) de Walter Braunfels.

Issu d’une famille de musiciens (sa mère était la petite-nièce de Louis Spohr et fut l’amie de Clara Schumann et de Franz Liszt), Walter Braunfels étudia le droit et l’économie avant de se consacrer à la composition après une rencontre avec le chef d’orchestre Felix Mottl. Il prit des leçons de piano avec Theodor Leschetitzky (lequel enseigna à Artur Schnabel et Ignaz Paderewski) puis de composition avec Ludwig Thuille. Orchestrateur hors-pair, Walter Braunfels légua à la postérité un grand nombre de partitions orchestrales et de musiques de chambre. Les influences de Richard Strauss et de Johannes Brahms y sont assez perceptibles. Pour autant, c’est à l’opéra qu’il se fit un nom dès les années 20. Les deux ouvrages Prinzessin Brambilla et Ulenspiegel ne connurent pas le succès de Die Vögel. L’hommage à Richard Strauss et plus encore à Wolfgang Amadeus Mozart séduisit les promoteurs de l’ouvrage. Bruno Walter, Hans Knappertsbusch et Wilhelm Furtwängler dirigèrent régulièrement les œuvres de ce compositeur qui fut, à son époque, aussi apprécié que Richard Strauss et Franz Schreker.

Au début des années 20 et face à la montée du nazisme, Walter Braunfels se convertit au catholicisme. Pour l’anecdote, Adolf Hitler tout juste sorti de prison après le coup d’état manqué à Munich, sollicita Walter Braunfels – musicien dont il avait certainement oublié qu’il était juif - pour la composition d’un hymne dédié aux chemises brunes… En 1933, Walter Braunfels fut chassé de son poste de directeur de la Musikhochschule de Cologne. À partir de cette période, il se retira de la vie musicale et se consacra uniquement à la composition. Naquirent plusieurs pièces religieuses dont un Te Deum (1921), une Grande Messe (1926) ainsi que plusieurs cantates. Elles reposent sur l’année liturgique - Das Kirchenjahr – qu’il s’agisse de l’Avent (la cantate que nous entendons ce soir), de Noël, de la Passion ou de Pâques.

La Cantate de l’Avent s’ouvre majestueusement. L’orgue et les cuivres soutiennent une écriture qui puise son harmonie dans le souvenir de Richard Wagner et de Gustav Mahler. La pâte sonore du viennois – on songe ici à ses deuxième et huitième symphonies - a profondément marqué la pensée musicale de Walter Braunfels, dans les dialogues entre la voix du baryton soliste et du chœur. L’orchestration est digne d’un poème symphonique, des grandes fresques d’un Arthur Honegger, en France. L’œuvre s’achève en apothéose.

Johannes Brahms

Variations pour orchestre sur un thème de Haydn op.56a

Toute sa vie durant, Johannes Brahms s’est passionné pour l’art de la variation : hommage à Jean-Sébastien Bach, au classicisme mozartien, à l’exploration d’un nouveau clavier, à l’instar de Ludwig van Beethoven qui découvre des pianofortes de plus en plus puissants, mais aussi à la fantaisie de Robert Schumann ou de Franz Liszt… Les références sont multiples, mais elles révèlent avant tout l’envie de maîtriser une forme riche de promesses, quitte à faire appel à des souvenirs plus lointains, puisés notamment dans l’univers baroque. La forme de la variation tient par conséquent une place considérable dans l’œuvre de Johannes Brahms et, en premier lieu, dans son répertoire pianistique (Variations sur un thème de Schumann, sur un thème de Haendel, sur un thème de Paganini).

Après les deux sérénades pour cordes (1858 et 1859), ces fameuses variations apparaissent comme une nouvelle partition d’importance. Johannes Brahms a trouvé l’idée du thème en 1870, en lisant une Feldpartita en si bémol majeur pour octuors à vents attribuée à Joseph Haydn. Le chant des pèlerins du Birgenland qu’il découvre dans le deuxième mouvement et qui est intitulé Chorale St. Antoni, le séduit aussitôt. Il imagine huit variations suivies d’un Finale.

Le modèle de ces variations est incontestablement celui de Ludwig van Beethoven. L’utilisation d’un thème relativement sobre dans sa dimension mélodique est en soi une promesse de développements extraordinaires. Les variations traitent, à la manière de la fantaisie, tous les aspects d’un travail complexe sur le contrepoint mais aussi sur le plan harmonique et rythmique. Certaines pages comme la Variations n°5, véritable scherzo, pourrait être de la main de Ludwig van Beethoven, sans la pâte orchestrale si spécifique de Johannes Brahms. D’ailleurs, il offre quelques clés d’écoute dans une lettre adressée, en 1869, à son ami Adolf Schuring : « Dans un thème à variations, c’est à vrai dire presque seulement la basse qui compte pour moi. Celle-ci m’est sacrée, c’est le terrain ferme sur lequel je bâtis mes histoires ». Il s’agit donc bien de variations construites sur un ostinato guidant une passacaille. L’auditeur assiste au déploiement d’un monde sonore extraordinaire : héroïsme joyeux, sicilienne amoureusement ciselée, finale d’une symphonie imaginaire, esquisses d’un ballet…

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Felix Mendelssohn

Christus op.97

La pensée artistique de Felix Mendelssohn fut pétrie de foi et la Bible l’inspira continuellement.

Son œuvre religieuse reste dominée par des motets, des cantates, des psaumes et des oratorios, usant des formes classiques. D’une certaine manière, il transcrivit dans l’univers romantique la puissance spirituelle et musicale qui le fascinait chez Jean-Sébastien Bach. Profondément chrétien, il vécut dans une famille éloignée du judaïsme. Baptisé à l’âge de sept ans, il exprima sa foi luthérienne sans excès de mysticisme. Ses deux plus célèbres oratorios puissamment orchestrés et aux rôles typés, Paulus, en 1836 et Elias, en 1846, brisent les frontières entre l’opéra et la musique religieuse. Christus se place dans la continuité de ces fresques.

Christus est, toutefois, une partition inachevée, composée sur un livret de Christian Karl Josias von Bunsen, écrivain et diplomate prussien. Le modèle est celui des cantates et passions – on songe à la Passion selon Saint Matthieu de Jean-Sébastien Bach - avec alternance de récitatifs et d’ensemble vocaux. Le chœur symbolise le peuple qui attend la crucifixion du Christ. Sur une tenue des basses, un soprano introduit la première partie, La Naissance du Christ. Les voix masculines assurent une fluidité du discours, soutenue par les cordes seules. Après le premier récitatif, tous les pupitres de l’orchestre portent une superbe ligne mélodique, alternant entre les tempi andante et allegro moderato. Felix Mendelssohn manie admirablement les grands ensembles, réalisant la fusion entre les timbres des voix – essentiellement dans les tessitures élevées - et les couleurs instrumentales, ce qui a pour effet de donner un sentiment de plénitude sonore.

La seconde partie, Les Souffrances du Christ est plus vaste et contrastée. Les récitatifs encadrent des parties rythmiquement tendues et délicates (allegro moderato, allegro molto, etc.), conçues dans un contrepoint serré. Les vents apportent un élément tragique saisissant dans le déploiement des masses. Lorsque le drame est accompli, le lyrisme de l’Andante con moto, passerait pour un air d’opéra. L’expression de la tendresse est splendide, délicatement accompagnée par les pizzicati des cordes. Le bref, et si pudique choral conclusif, se prive de la présence des vents. L’œuvre apparaît, à l’évidence, inachevée.