Comprendre l'œuvre : le Concert d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo
Publié leComposition 1939
Commanditaire le marquis de Bolarque
Création 9 novembre 1940 au Palau de la Musica Catalana de Barcelone, par l'Orchestre symphonique de Barcelone, avec Regino Sainz de la Maza à la guitare, sous la baguette de César Mendoza Lasalle
Effectif instrumental
Guitare
2 flûtes dont piccolo
2 hautbois dont cor anglais
2 clarinettes
2 bassons
2 cors
2 trompettes
Cordes
Le Concerto d'Aranjuez est une œuvre mondialement connue, qui convoque les sens, évoque un pays coloré, parfumé. Il ravit par sa belle éloquence mélodique.
Né en Espagne, Joaquin Rodrigo est, avec Granados, de Falla, Albéniz, Turina, un ambassadeur de la culture espagnole en France, pays avec lequel il a une affinité particulière. Venu étudier à l'École Normale de Musique dans la classe de Paul Dukas, il rencontre à Paris la pianiste Victoria Kamhi, qui deviendra sa femme.
Ce concerto, c'est « une évocation des jours heureux de notre lune de miel, lorsque nous nous promenions dans les jardins d'Aranjuez et en même temps, c'était un chant d'amour » écrit-elle.
Au cœur de l'œuvre, l'Espagne. Non pas celle de 1939, qui vit les affres d'une guerre civile destructrice, mais une Espagne rêvée, celle des jardins d'EI Principe, près de Madrid, un jardin royal ordonné par le prince des Asturies à la fin du XVIIIe siècle. Rodrigo — aveugle depuis l'âge de trois ans — nous transporte dans un lieu parsemé d'images sensorielles, presque olfactives, qu'il confie à la guitare. Une guitare, comme instrument soliste de sa première grande œuvre ? Quelle audace ! Certains avaient prédit à Rodrigo un échec, arguant qu'elle serait écrasée par la masse orchestrale. Pourtant, dès la première représentation à Barcelone le 9 novembre 1940, c'est un succès. Rodrigo entre dans la légende comme « l'auteur du Concerto d'Aranjuez ». Célébrissime, ce concerto éclipse le reste de son répertoire, non moins de cent-soixante-dix œuvres, dont quatre autres concertos pour guitare.
Deux mouvements enjoués, heureux, riches de combinaisons rythmiques éloquentes encadrent un poignant Adagio, dialogue entre le soliste et quelques instruments de l'orchestre. À travers ces pages d'une grande émotion, Rodrigo a sublimé la profonde tristesse d'un événement personnel.
Retrouvez un extrait du Concerto d'Aranjuez interprété par Thibaut Garcia, à retrouver le 11 janvier lors du concert Couleurs d'Espagne