Lancement de saison 2021|2022 !
Publié leDécouvrez enfin notre saison 2021-2022, qui accueillera son nouveau directeur musical et artistique : Aziz Shokhakimov.
Où se situent les enjeux actuels de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg ? Comment décrire les lignes de force de la saison qui débute ? Dialoguant en toute liberté, Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg et Présidente de l’Orchestre, Marie Linden, directrice générale et Aziz Shokhakimov, directeur musical et artistique, donnent des éléments de réponse, et évoquent leurs liens avec l’Orchestre.
À l’aube d’une nouvelle aventure pour l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, quelles sont vos attentes respectives ?
Jeanne Barseghian. Il faut saluer l’entrée en fonction, au début de cette saison, du nouveau directeur musical et artistique de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, Aziz Shokhakimov. Je suis convaincue qu’il permettra à l’Orchestre de relever les défis contemporains de la musique classique en portant un projet audacieux s’adressant à tous les habitants et les habitantes de notre ville.
Marie Linden. C’est un moment fort dans la vie de l’Orchestre. Aziz Shokhakimov succède à Marko Letonja, une personnalité hors du commun qui aura fortement marqué l’histoire de l’Orchestre, sur le plan musical et humain ; mais notre lien n’est pas rompu, puisque nous le retrouverons régulièrement comme chef invité. Je ne crois pas à l’idée de rupture dans une institution comme la nôtre ; je me réjouis simplement de cette nouvelle épopée, nécessairement différente de la précédente, que j’imagine tout aussi excitante.
Aziz Shokhakimov. Je suis extrêmement fier et motivé d’arriver à la tête d’un Orchestre fondé en 1855, dont l’histoire est d’une si grande richesse. C’est une joie intense, mais aussi une grande responsabilité de pouvoir m’adresser à l’ensemble de la population strasbourgeoise, dans toute sa diversité.
Vous l’avez dit, une des missions de l’Orchestre est de parler au plus grand nombre : comment réussir ce pari ?
Marie Linden. Le musicien du XXIe siècle n’est plus seulement un artiste virtuose de son instrument. Aujourd’hui on demande aux musiciens d’être des artistes citoyens, et d’ailleurs la formation dans les Conservatoires évolue en ce sens en intégrant désormais cette dimension. Nos artistes musiciens conjuguent leur excellence musicale sur scène et leur rôle de passeurs dont la fonction est de transmettre le plus largement possible, sans frontières d’âge, de catégorie sociale ou d’espace territorial. Nous avons la chance d’avoir des musiciens qui ont cette conscience et cette envie. A mes yeux l’Orchestre se doit d’être un véritable service public de la culture, dont la responsabilité est avant tout artistique, mais également sociale et sociétale. Pour ce faire, nous travaillons étroitement avec le tissu associatif existant.
Jeanne Barseghian. C’est une belle image et une réalité que vous venez de décrire. Les musiciens sont très engagés et permettent, grâce à des formats multiples, de tisser des liens de confiance entre l’Orchestre et les acteurs des territoires, que ce soit dans les quartiers de Strasbourg, dans les communes de l’Eurométropole ou au-delà, jusque dans les zones limitrophes allemandes. Et vous le savez, cette dimension transfrontalière est primordiale pour moi.
Aziz Shokhakimov. Ce mouvement peut encore être amplifié. Il est possible de montrer à des publics potentiels que tous les types de musique – ou presque – viennent du classique. Il ne faut jamais oublier que la musique est un langage universel ne connaissant ni religions, ni nationalités, ni frontières.
Jeanne Barseghian. Je souhaite aussi qu’il y ait plus encore d’interactions entre l’Orchestre et les différentes composantes de la ville et suis très heureuse de ce que vient de dire Aziz Shokhakimov : des ponts sont encore à bâtir pour que la musique classique parle à chacun, quelle que soit son histoire. Des clefs d’entrée doivent être à la disposition de tout le monde. À chacun ensuite de choisir.
Dans quelle mesure l’Orchestre remplit-il également une fonction d’ambassadeur pour Strasbourg ?
Jeanne Barseghian. Je pense que la musique est un élément clef de la diplomatie. L’OPS est l’un des meilleurs ambassadeurs de la Ville et un des acteurs essentiels de la stratégie européenne que je souhaite renforcer, portée par l’Agora “Strasbourg, capitale européenne”.
Aziz Shokhakimov. L’Orchestre philharmonique de Strasbourg est un élément constitutif de l’image de la Ville : il doit en être le porte-drapeau grâce à son excellence et à des tournées lui permettant de se produire régulièrement sur les scènes majeures du continent, mais aussi de se projeter dans le monde entier.
Avant de parler de la saison à venir, je souhaitais évoquer votre lien personnel avec l’Orchestre : quel souvenir se rapportant à l’OPS vous vient spontanément à l’esprit ?
Jeanne Barseghian. Je me souviens d’une journée incroyable, il y a quelques mois, une bulle magique en plein cœur de la crise sanitaire : ce jour-là était marqué par le renouvellement de la convention mettant à disposition de la supersoliste de l’Orchestre un violon daté de 1754 signé Giovanni Battista Guadagnini. Dans le Grand Salon du Centre administratif, Charlotte Juillard a joué la Chaconne de Bach. Un instant suspendu !
Aziz Shokhakimov. Deux concerts resteront à jamais gravés dans mon cœur. Le premier que j’ai dirigé à Strasbourg, tout d’abord, au Palais universitaire, en novembre 2014 : je me souviens d’une éblouissante Sinfonietta de Janáček, du lien profond et immédiat que j’ai ressenti avec les musiciens et des possibles qui me sont apparus. Le second souvenir que je voudrais mentionner est plus récent, puisqu’il remonte à février 2020 : une Symphonie n°5 de Mahler nimbée d’un puissant sentiment d’harmonie et de plénitude.
Marie Linden. Je vais remonter plus loin dans le temps : je pense à ma découverte du son de l’Orchestre à la fin des années 70 et à la fascination immédiate que j’ai ressentie, alors que je venais de débuter le piano. J’ai su toute petite que la musique me serait viscérale ; et c’est à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg que je le dois.
Venons-en à la saison 2021-22 : quelle en est votre perception ?
Aziz Shokhakimov. En la construisant, nous avons été très attentifs à installer de multiples équilibres entre des œuvres qui sont devenues des “tubes” du répertoire classique et des partitions moins souvent jouées, entre les stars de la scène musicale internationale et les jeunes pousses qui ne sont autres que les grands de demain. J’ai aussi souhaité conférer une tonalité franco-russe à cette première saison en tant que directeur musical et artistique : le concert d’ouverture est emblématique de cette volonté, puisque le Concerto pour violon n°2 de Prokofiev voisine avec des œuvres de Borodine, Saint-Saëns et Ravel. Je suis par ailleurs très heureux que nos musiciens aient contribué à une nouvelle saison de musique de chambre d’une grande densité, dont les programmes entrent en résonance avec notre activité symphonique ou opératique. Ces allers-retours sont précieux : aux Danses polovtsiennes de Borodine répond ainsi son Quintette, et nous pourrions multiplier les exemples.
Marie Linden. Nous avons la tâche de faire vivre plus de 300 ans de musique : cette saison, nos programmes vont emporter le public de Jean-Sébastien Bach à Péter Eötvös à qui nous avons commandé une œuvre. Je crois aux vertus d’une programmation protéiforme au sein de laquelle chacun peut trouver son bonheur.
Jeanne Barseghian. J’ai hâte de découvrir cette richesse et cette diversité qui permettront, après une trop longue crise sanitaire, une grande respiration. Tous ensemble !
Pourquoi avoir convié Alexandre Tharaud pour une résidence ?
Marie Linden. Une résidence n’a de sens que si elle est pensée et construite avec l’artiste. Alexandre Tharaud est généreux, et singulier : avec lui tout est possible ! Il sera très impliqué à Strasbourg, avec de nombreux concerts évidemment, mais aussi des interventions dans des écoles, une master-class au Conservatoire, des projets particuliers (en lien avec les Bibliothèques idéales par exemple), une rencontre avec les membres d’Euterpe (association des amis de l’Orchestre), etc.
Aziz Shokhakimov. Le sens de la résidence est de créer un lien, non seulement entre un artiste et nos musiciens, mais aussi entre un artiste et un territoire. Dans un monde qui va de plus en plus vite, il est essentiel de retrouver la saveur du temps long.
Jeanne Barseghian. Pour moi, la résidence est une initiative importante : Strasbourg est une ville accueillante et hospitalière pour les artistes ! Leur présence sur notre territoire est un moyen de créer de nouvelles richesses et d’imaginer des instants de dialogue.
Pour finir, quel est votre “concert coup de cœur” dans la saison ?
Aziz Shokhakimov. Je suis très heureux d’accueillir à Strasbourg deux solistes d’exception, deux violonistes de très grand talent, Patricia Kopatchinskaja et Nemanja Radulović pour deux concerts qui seront autant d’événements !
Jeanne Barseghian. Je suis particulièrement séduite par une soirée placée sous le signe du grand nord, où sont rassemblés le Concerto pour piano et orchestre de Grieg et la Symphonie n°1 de Sibelius, un de mes compositeurs favoris.
Marie Linden. Quelle question cruelle ! S’il fallait vraiment répondre, je citerais le concert consacré à Joe Hisaishi, compositeur fétiche du maître de l’animation japonaise, Hayao Miyazaki, qui permettra sans doute à de nouveaux publics de découvrir l’Orchestre.
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