Souvenirs de Vienne - Espace Django
Publié leMercredi 20 octobre 2021 à 14h30 - Espace Django
Joseph Haydn
Quatuor n°1 en sol majeur « Lobkowitz »
Franz Schubert
Quatuor n°12 en do mineur « Quartettsatz »
Ludwig van Beethoven
Quatuor n°11 en fa mineur « Serioso »
Violons - Yukari Hara Kurosaka, Claire Rigaux Alto - Anne-Sophie Pascal Violoncelle - Paul-Edouard Senentz
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Retouvez ci-dessous en vidéo les musiciens de l'Orchestre qui joueront le 20 octobre dans le Quatuor n°12 en do mineur "Quartettsatz" de Franz Schubert
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Les œuvres
Joseph Haydn (1732-1809)
Quatuor n°1 en sol majeur op.77 Hob.III :81 « Lobkowitz »
Composition : 1799
Création : probablement le 13 octobre 1799 à Eisenstadt
Un accord puissant puis une danse populaire alerte, presque obsédante, ouvrent la partition. À moins qu’il ne s’agisse d’un rythme de marche tel que l’entendra quelques années plus tard, Franz Schubert. Voici donc le début de ce premier mouvement dont l’énergie immédiate se complexifie progressivement. La rengaine reprend, inlassablement au point que le quatuor connut le surnom de Komplimentier-Quartett (“Quatuor des compliments”). Ne faisons pas de contresens : les révérences du compositeur tiennent davantage de la moquerie que de l’obséquiosité !
L’Adagio s’ouvre avec solennité. Une longue phrase se morcelle en une succession de confessions, à la fois attendries et passionnées. Nous entrons dans ce « préromantisme » plus schubertien que beethovénien. Les interrogations et les silences encadrent plusieurs idées musicales, d’une beauté calme et rayonnante.
Le Menuetto apparaît, en revanche, plus proche de l’esprit beethovénien. Il s’agit non pas d’une danse, mais d’un véritable scherzo dont le premier violon assure sans partage, la densité expressive.
Le Finale repose sur une kolo, une ronde d’origine croate. L’emprunt fréquent chez Joseph Haydn de danses et chants d’Europe centrale, autorise les variations les plus virtuoses. Ici, elles se concentrent dans les registres les plus aigus des cordes.
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Franz Schubert (1797-1828)
Quatuor n°12 en do mineur D.703 « Quartettsatz »
Composition : 1820
Création du premier mouvement : dans un cercle privé, probablement en 1821.
Franz Schubert n'a que vingt ans et déjà une production musicale exceptionnelle de plus de 400 partitions. Pourtant, de plus en plus de pièces demeurent inachevées, à l'instar du mouvement de ce quatuor en do mineur.
L'unique mouvement est un Allegro assai qui s'ouvre presque sur un cri de désespoir, avec un crescendo de trémolo des cordes. Le traitement des idées, l'imbrication des thèmes paraissent d'une totale liberté avec des brisures nettes, un retour à l'expression angoissée des tensions premières. C'est déjà la résolution, à l’échelle de la musique de chambre, des contrastes saisissants que l'on entend dans le second mouvement de la Symphonie en si mineur « Inachevée », composée à la fin de l'année 1822. Le mouvement du Quatuor s'achève sur une répétition à l'identique des huit premières mesures de la partition. Pas un instant, l'intensité lyrique et dramatique du climat ne faiblit. C'est comme si l'œuvre avait été pensée et couchée sur le papier d'un seul élan. On remarque d'ailleurs l'étonnante sobriété d'écriture des instruments intermédiaires qui créent à eux seuls une atmosphère, une sorte de décor sonore pour le premier violon et le violoncelle. Il est clair que ce dernier instrument joue aussi un rôle particulier en étendant de manière considérable son ambitus, la capacité de passer des notes les plus graves aux plus aiguës. Franz Schubert considérait sa partition comme une pièce expérimentale. Souhaitant en développer de nouveaux aspects, il se lança dans un second mouvement. L'Andante ne comporte hélas que 41 mesures.
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Ludwig van Beethoven
Quatuor n°11 en fa mineur op.95 « Serioso »
Composition : entre octobre 1810 et mai 1811
Création : mai 1814 par le Quatuor Schuppanzigh, au Prater à Vienne
Le compositeur donna le sous-titre de « serioso » à l’œuvre dont la composition date de l’époque d’Egmont. À ce drame dont le sujet l’avait passionné s’ajoutait, au même moment, une déception amoureuse. Le projet d’épouser Therese Malfatti avait avorté. Dans sa correspondance, Ludwig van Beethoven écrit se réfugier dans la composition de nouvelles pièces dont il a conscience qu’elles seront en rupture avec les attentes du public, si avide de divertimenti. Cela explique pourquoi il souhaita que ce quatuor « serioso » – le plus bref du cycle - ne soit donné que devant des cercles de connaisseurs. Il en repoussa d’ailleurs la publication à l’année 1816.
L’énergie, la violence, dominent dès les premières mesures jouées à l’unisson de l’Allegro con brio. Une énergie fortissimo dont le flux est concentré au maximum – en cela, Ludwig van Beethoven suit les préceptes de Joseph Haydn – et à la tension inaltérée. En l’absence de thème, le motif initial est redonné à 122 reprises ! Les ruptures apparaissent d’autant plus spectaculaires – les transitions sont volontairement abolies - dans l’Allegretto ma non troppo, si délicatement introduit au violoncelle. Le mouvement est comme retenu par une force invisible et dont l’écriture s’épure au maximum. Elle joue à la fois du principe de l’homophonie et de la forme fuguée, ce qui confère à cette page, un caractère austère d’autant plus impressionnant. L’Allegro assai vivace est directement enchaîné. Curieux mouvement en vérité, car il s’agit d’un scherzo… serioso. Voilà un bel oxymore ! Cinq parties composent la structure de cet allegro, pièce exploratoire d’une âpreté qui fascine encore, plus de deux siècles après sa composition. Trois tempi divers animent le Finale, lui conférant ainsi une densité narrative peu commune. Les formes s’enchaînent (rondo, sonate), alimentant elles-mêmes un matériau des plus sobres, mais ô combien efficace !